Né en... heu en... ben on sait pas, mais ce qui est sûr c'est qu'il est né, puisqu'il est mort. D'ailleurs on ne connaît pas non plus son nom ni ce qu'il avait comme bagnole. Pour des raisons pratiques, appelons-le Robert, ou Roger, ou plutôt Marcel, ou pourquoi pas Mohamed...
Né on ne sait pas quand, Roger va très tôt avoir de la barbe. Ou pas. Je sais pas pourquoi je dis ça, on s'en fout. Il perd ses parents très jeune dans un accident de scooter, ou de mulet si les scooters n'existaient pas encore à son époque, ou de brontosaure si les mulets n'existaient pas encore non plus. On s'en fout, car George (ben ouais, on peut aussi) n'est pas du tout affecté par ce pourtant triste évènement.
Ses problèmes commencent à l'orphelinat où lors de l'appel matinal, et aussi de tous les autres appels de la journée, il ne figure jamais sur les listes. A l'école, tous les matins, son instituteur lui demande qui il est et ce qu'il fait là.
Rapidement, il s'enrôlera dans l'armée, pensant se faire une personnalité et un nom dans l'uniforme. Manque de discernement ! Tout le monde est habillé pareil, coiffé pareil, marche pareil, bouffe pareil... Bref, Yousef (pourquoi pas ?) est plus inconnu qu'il ne l'a jamais été.
L'avantage de passer inaperçu lorsqu'on est militaire en temps de guerre, c'est que personne ne vous tire dessus. Parce que j'avais oublié de vous le dire, à l'époque dont nous parlons, c'était la guerre. On ne peut pas dire que ce soit un indice pour situer l'époque en question. Ça pourrait peut-être même être demain. Mais ne nous égarons pas dans les spéculations hasardeuses et la science-fiction et laissons même cette dernière aux attardés mentaux qui, on le sait, en tout cas moi je le sais, s'en délectent. Fermons cette parenthèse. Donc Bill (et alors ?) a du bol. Personne ne le prend pour cible. Il survit à de nombreuses batailles, laissant derrière lui les cadavres d'ennemis dont on ne saura jamais qui les a tués.
Et puis, un jour, la tuile. Un soldat enrôlé de force dans l'armée adverse, tire (pour les raisons précédemment évoquées, au choix : avec sa kalachnikov, son arc, sa fronde, son arbalète, son brontosaure...) dans le vide pour ne blesser personne, sauf que Ramon (aussi...) est là et se prend le brontosaure (ou autre chose) en plein coeur. Il meurt sur le coup après une longue agonie de 24 minutes.
Et là, c'est l'hystérie : tout le monde pleure sa mort, Elton John (ou Luis Mariano, Kurt Kobain, Didier Wampas ou un autre encore...) lui écrit une chanson, il n'a jamais écrit à ses parents puisqu'il les a perdus depuis longtemps, mais tant pis, le président de la république (ou un brontosaure, ou autre) demande à un de ses nègres d'écrire à sa place et rend la lecture de sa lettre obligatoire dans toutes les écoles maternelles... On crée une Barbie sans visage qu'on appelle "Barbie inconnue", des blagues apparaissent spontanément "C'est qui qu'a pété ?" "ça doit être le Soldat Inconnu"...
On finit par l'enterrer sous l'Arc de Triomphe, ou à l'enterrer puis construire l'Arc de Triomphe dessus, ça dépend de l'époque. Récemment, des tests ADN effectués sur le cadavre à la décomposition plus qu'avancée ont révélé que la dépouille était celle d'un certain Raymond Bouteille, concierge du 11 rue Ledru Rollin dans le 11ème arrondissement de Paris. Mais pour moi, on a dû voler le vrai cadavre du vrai Inconnu.
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