Reprenons nos errances : aujourd'hui, je vous propose d'aller nous balader du côté de la Bretagne, ce qui me permettra d'économiser les frais de route puisqu'il me suffit de mettre le pied dehors pour respirer le bon air iodé de cette région pleine de contrastes et de cochons et aussi de menhirs, de dolmens et d'eau de mer.
Le Breton est fier d'être breton, pourquoi ?
En tant que breton d'adoption (en effet, je suis né en Bretagne mais n'ai pas choisi et préfère souvent croire que j'ai été adopté) j'ai une réponse simple à apporter à cette question pourtant extrêmement pertinente et complexe puisque c'est moi qui l'ai posée : le Breton est fier de l'être car il a peur.
Dès l'âge de 10 ans, alors que je demandais à mes parents et à des amis à eux qui étaient venus boire à la maison (en Bretagne, on n'invite pas ses amis à dîner mais à picoler) pourquoi je devrais être fier d'un fait dont je n'étais pas responsable, cette vénérable assemblée d'adultes a entrepris de me briser les genoux à coups de sabots jusqu'à ce que j'arrête de hurler "Stop ! Arrêtez !" pour crier comme ils me le demandaient "J'suis fier d'être breton !".
Cet épisode de mon enfance a été lourd de conséquences:
Primo, une claudication qui n'a rien à voir avec la malformation congénitale des hanches dont sont victimes beaucoup de mes congénères (handicap compensé par le fait que dans la région de nombreux enfants ont le privilège de pouvoir appeler leur papy papa, leur soeur maman, leur chien cousin...).
Deuxio, lorsque j'ai eu réuni suffisamment d'argent pour m'acheter ma première paire de Doc Martens, au lieu d'en utiliser une partie pour me payer des tongs et d'aller aux putes avec le reste, je me suis acheté ma première paire de Doc Martens. Du coup, je ne suis jamais allé aux putes (quand j'ai voulu y aller plus tard c'était fermé...) mais plus personne ne m'a jamais fait gueuler des conneries.
Plus tard, comme on m'avait bien fait prendre conscience que la Bretagne était le centre du monde, je me suis dit "qu'est-ce qu'il y a comme vaches et comme cochons, au centre du monde..." et suis allé voir ailleurs si des fois on ne m'aurait pas menti. A Paris on m'a expliqué que le centre du monde, ben c'était Paname, en Corse on a encore voulu me foutre sur la gueule pour que je crie avec une main sur l'oreille que cette île était le centre du monde, même topo au Pays Basque, en Afrique du Sud, en Allemagne, au Honduras...
Et puis j'ai fini par comprendre : le centre du monde se déplace avec moi, il est situé juste à côté de mon nombril (il paraît en effet que je suis légèrement excentrique). Alors je suis revenu en Bretagne en me disant que ce n'était pas un endroit pire qu'un autre pour installer le centre du monde.
Il est vrai que la Bretagne a des atouts non négligeables : un climat très agréable (même que ça nous coûte plutôt cher pour soudoyer Météo France pour qu'ils fassent toujours apparaître un temps de merde au dessus de chez nous afin que nous ne soyons pas submergés par les touristes), de fréquentes marrées noires qui permettent à ceux qui aiment pelleter du mazout sur les plages ou s'occuper des p'tits oiseaux malades d'en avoir pour leur argent, de magnifiques églises, des calvaires, du cidre, et surtout une activité culturelle d'une vivacité assez époustouflante.
De cette activité culturelle, le Biniou et la Bombarde sont les fleurons. Les Fest-Noz sont une opportunité unique pour la région de se hisser au premier rang mondial de la greffe de tympan. J'en suis moi-même à mon quatrième jeu, et je peux vous dire que les progrès sont tels que j'entends mieux qu'avec ceux d'origine.
Enfin, en Bretagne, pas de péages sur les autoroutes. Et pas question que ça change ! En même temps, on va pas faire payer les gens pour aller nulle part, parce que je sais pas si vous avez remarqué mais une fois rendu à Brest, y'a plus qu'à faire demi-tour. Ce qui ferait payer deux fois, en plus !
J'aurai sûrement l'occasion de vous parler à nouveau de cette belle région, mais pour l'instant je vais attendre que ma voiture ait fini d'exploser et ma maison de brûler. M'en fous, suis assuré.
3 commentaires:
Je proteste ! Le centre du monde, ce n'est pas vous Je suis le centre du monde ! Usurpateur, faquin !
Cher Jean Cappoto,
Je vous soupçonne au mieux d'être un vil imposteur, au pire un plagiste...
En effet, je ne connais qu'une personne au monde qui emploie encore quotidiennement le mot "faquin", c'est mon camarade Mick. Mick, sors de ce corps !
Ce qui n'est pas ici n'est nulle part. Ne cherchez pas le paradis. On n'est le centre de rien, donc on est le centre de tout. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est le commercial révolté de Dieu.
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