14 juillet 2011

Vacances : la dure lute des classe continue

En tout premier lieu, je signale à ceux qui pensent que j'aurais pu écrire "turlute des classes" que je ne cède jamais à la facilité.

Bon, c'est dit. Maintenant, à ceux qui ont cru bon de jeter Karl Marx aux orties, ils ont eu tort. 0u du moins ils auraient mieux fait de réfléchir un peu : pas plus tard que ce matin, je décide de couper les orties qui foisonnent dans certains coins reculés de mon jardin à l'aide de ma faux toute neuve achetée 39,90 € chez Monsieur Bricolage. J'aime autant vous dire que votre irresponsabilité mériterait que j'exige que vous me remboursiez car au premier coup de faux ma lame s'est brisée sur un exemplaire original de Das Kapital relié cuir avec coins et fermoir en argent massif dans un état de conservation irréprochable. Avouez que s'il y avait eu le moindre spectateur, le ridicule de la situation aurait à coup sûr ruiné ma réputation. Fort heureusement, comme j'ai horreur qu'on me regarde quand je fauche, je me vêts toujours d'une longue robe noire à capuche, et mes voisins, dont le plus jeune va allègrement sur ses 83 ans, verrouillent leurs portes à double tour et ferment tous les volets.

Bon, je conviens que tout ça pour vous dire de ne pas renier trop vite Marx, c'est un peu léger. Alors pour pouvoir argumenter plus loin je suis tout simplement allé me promener dans la station balnéaire réputée qui est aussi ma commune de résidence, me disant que l'observation de mon environnement m'inspirerait peut-être. Et bien ça n'a pas loupé.

En cette mi-juillet, nombreux sont ceux qui sont partis en vacances et parmi ces nombreux une proportion non négligeable a choisi de venir chez moi. Et dès les premières secondes d'observation une évidence me saute aux yeux : un tiers des touristes venus s'échouer ici sont des prolos qui gagnent moins de 1200 € par mois et les deux autres tiers gagnent la même chose, mais par jour. Quant à la classe intermédiaire, c'est à croire qu'elle n'existe pas.


Chez les prolos, on a l'air de bien s'amuser, on fait des châteaux de sable sur la plage, on se balade à vélo, on prend l'apéro, on allume le barbecue, on prend l'apéro, on rigole, on prend l'apéro, on mange, on va danser, on prend l'apéro, on drague un peu, on prend l'apéro, on revient de danser, les gendarmes nous font souffler, ils sont sympathiques, on prend l'apéro et puis on va se coucher parce qu'il est 5h30 et que demain on se lève à 6h00 pour bien profiter de la journée. Bref, on se fait tellement chier tout le reste de l'année à bosser comme des cons en supportant les privations induites par de faibles salaires qu'au moment des vacances, c'est l'éclate totale.

Chez les riches, qu'on soit ou pas nés nantis, on a l'air anéantis. Il faut dire que c'est pénible ces conventions qui veulent qu'on se retrouve tous ici tous les ans, sans parler de la route qu'il a fallu faire, long convoi de Jaguars entre Neully-Sur-Seine et Pléneuf-Val-andré... Et puis on a déjà tout à Neuilly, pourquoi venir ici où l'on tolère encore (mais plus pour longtemps) toute cette plèbe ? Alors on fait la gueule. On emmerde les commerçants avec nos exigences à la con : "je voulais de la vanille de Madagascar dans mon punch, et là manifestement vous m'avez mis de la vanille bourbon, qui vient de la Réunion..." Si vous saviez le nombre de fois où les serveurs ne font que pisser dans votre punch parce qu'ils se disent que s'ils chiaient dedans ça risquerait de se voir et surtout que vous risqueriez d'aimer ça et d'exiger la même chose demain...
Et puis il fait trop chaud, il fait trop froid, il y a du vent, il y a le cri des mouettes qui est insupportable, il y a ce foutu collectif anar qui tous les matins se lève pour acheter à la maison de la presse tous les exemplaires de La Tribune et des Echos, c'est horrible, on n'a plus rien à lire...

Et elle est où la lute ? Et bien c'est simple même si c'est complètement débile : les prolétaires voudraient bien se hisser parmi les rangs des riches pour pouvoir se faire chier pendant les vacances et les riches font tout pour ne pas tomber au niveau de ce peuple qui a l'air de tellement s'amuser...


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